Palais De La Paix

Sa jeunesse

Alors que l’université de Delft est aujourd’hui une plaque tournante de l’innovation technique, au début du XXe siècle, elle était beaucoup plus centre de créativité artistique. Connue à l’époque sous le nom d’école polytechnique de Delft, elle ressemblait à un lycée ou à un collège d’architecture et d’artisanat moderne. C’est ici qu’Herman Rosse recevrait une éducation supérieure spécialisée et commencerait à nouer des relations professionnelles avec des artistes passionnés qui façonneraient la conception néerlandaise du Palais de la Paix. Mais quel est exactement ce style et comment Herman s’est-il retrouvé dans ce projet ? L’origine de sa créativité date de bien avant.

Enfance
Né à La Haye en 1887, fils de Carl Rosse et Jacoba de Haan, Herman a été entouré d’art dès son plus jeune âge. Son père polonais avait rencontré sa mère néerlandaise alors qu’ils étudiaient ensemble à Paris. Le père deviendra décorateur et créateur de meubles. Sa mère était une artiste peintre d’une certaine distinction et la famille faisait partie d’un réseau d’artistes de La Haye. Malheureusement, la vie de famille d’Herman fut bouleversée lorsque ses parents se séparèrent, peu après sa naissance. Cependant, sa mère s’est remariée peu de temps après avec Eliza van Rij, lui aussi décorateur. Or, durant toute son enfance, de part et d’autre, Herman fut entouré d’esprits créatifs.

kinderjaren Hesse

Étudiant en arts décoratifs
Herman confirma son intérêt pour l’art en s’inscrivant à l’Académie des Beaux-arts de La Haye, puis à l’École polytechnique de Delft. C’est là qu’il commença à étudier l’architecture et apprit les arts décoratifs – comment embellir un bâtiment en respectant certaines règles et traditions. Le style préféré de l’école de Delft était la Renaissance hollandaise du XVIIe siècle ; elle était considérée comme l’ère la plus pure de l’histoire de l’art néerlandaise et rappelait les jours de gloire et d’essor économique.

f

L’école était bien plus qu’un simple établissement d’enseignement. Elle était devenue l’épicentre de la variante néerlandaise de l’Art Nouveau, populaire dans toute l’Europe à cette époque. Semblable au mouvement Arts and Crafts, la variante néerlandaise de l’Art Nouveau était une réaction à l’art du XIXe siècle. Elle s’efforçait de ramener la beauté naturelle dans les maisons à travers l’ornementation. Les artistes s’inspiraient de la nature pour créer des dessins modernes, abordant leurs thèmes de manière mathématique et géométrique, prêtant ainsi à la nature une qualité presque irréelle.

De nombreux artistes qui ont travaillé dans le Palais de la Paix sont issus de cette école et le style du bâtiment provient donc en grande partie de cette variante de l’Art Nouveau. Parce que ses professeurs étaient convaincus que les formes organiques telles que les fleurs et les plantes étaient à la base de toute forme, Herman devint un spécialiste de cette représentation stylisée et « irréelle » de la flore. Pratiquement toute son œuvre au Palais de la Paix en témoigne.

flora fauna

L’un des professeurs à qui Herman devait sa prédilection et ses compétences était Karel Sluyterman. Sluyterman était maître de conférences en Arts décoratifs et ornementation et enseignait les formes plus traditionnelles d’art et d’artisanat. Il cherchait son inspiration pour ses conférences dans des publications de célèbres créateurs anglais appartenant au mouvement des Arts and Crafts, mais aussi dans des ouvrages tels que « The Grammar of Ornament » (1856) d’Owen Jones. Cet ouvrage présente une vue d’ensemble des styles de conception utilisés à travers les siècles, de l’antiquité classique jusqu’à l’ère élisabéthaine. De nombreux artistes ont puisé leur inspiration dans ce livre influent et s’en sont servi comme référence pour appliquer correctement les styles. Il en était de même pour Herman, qui lui aussi s’est laissé inspirer par des éléments de ce livre – en particulier le style de la Renaissance – lors de sa conception des intérieurs du Palais de la Paix. Les cadres de ses tableaux de faïence en sont un bon exemple.

Réseau professionnel
L’école polytechnique de Delft joua un rôle important dans le développement artistique d’Herman. En même temps, c’était un véritable creuset de créativité et une source de nombreux liens sociaux artistiques. Comme son élève, Karel Sluyterman contribuera lui aussi plus tard au Palais de la Paix en décorant le plafond de la grande salle de justice. Outre Sluyterman, son collègue Adolf le Comte conçut les principaux vitraux du palais, et son élève Leon Senf fut chargé de décorer les carreaux de l’antichambre de la petite salle de justice. Cet effort commun d’embellir le Palais de la Paix renforcera d’avantage le réseau personnel d’Herman.

Le Palais de la Paix fut conçu avec des thèmes universels à l’esprit, mais le choix de nommer des créateurs et décorateurs principalement originaires de la région de La Haye lui donna un cachet typiquement néerlandais. Les idées universelles et les styles et techniques de décoration ambiantes se rejoignent dans l’intérieur du Palais de la Paix tel que nous le connaissons aujourd’hui.


Souhaitez-vous en savoir plus sur la décoration intérieure du Palais de la Paix ? Un magazine spécial sur Herman Rosse et ses décorations est disponible dans notre boutique en ligne et dans notre centre de visiteurs.