Le modernisme rencontre l’art classique
Le jeune Herman n’a pas encore dirigé des grands projets de conception et d’aménagement d’espaces publics. Cependant, on le considère très prometteur comme architecte et on lui confie la décoration d’une grande partie de l’intérieur du Palais de la Paix. Il est l’auteur des plafonds, des fenêtres et des carrelages par exemple. Profondément ancré dans la prédilection anglaise pour des motifs traditionnels, son style artistique incorpore des éléments basés sur la nature qui laissent augurer le modernisme. Quelle que soit la pièce dans laquelle vous vous trouvez, vous y verrez la main d’Herman. Son œuvre la plus remarquable est celle du plafond de l’entrée principale du Palais de la Paix. Il y présente les déesses de la Paix, la Loi, le Bon Ordre et la Justice.

Du Palais de la Paix à Hollywood
Herman gagna l’Oscar des meilleurs décors pour film La Féerie du Jazz (1930), pour lequel il conçoit les costumes et les décors. Il fait preuve d’une grande inventivité dans l’utilisation de la couleur, notamment dans les décors de la chanson Rhapsody in Blue car à l’époque la couleur bleue n’était pas captée par les caméras ! Pour quelqu’un avec une formation artistique classique, ce passage au cinéma peut sembler une étape étrange. Pourtant, les voyages et les études d’Herman ont non seulement fait de lui un professionnel de l’architecture et de la décoration, mais ont également éveillé en lui l’amour du théâtre.

Le Palais de la Paix était en quelque sorte son premier décor. La tâche d’un décorateur étant d’ajouter du sens à un espace vide, c’est à Herman – sans préconceptions précises – de réfléchir soigneusement à la manière dont il allait habiller le bâtiment pour que l’on s’imagine dans un véritable temple de la paix. En associant le langage visuel de l’époque à des motifs anciens, il fit en sorte que le message de paix était bien compris par un large public. Le Palais de la Paix, nouveau symbole du mouvement pour la paix, constituait une scène sur laquelle les yeux du monde entier étaient rivés : nouveau, passionnant et porteur de beaucoup d’espoir. Vu ainsi, la réorientation de la carrière de Herman vers Hollywood ne semble pas si étrange après tout !

Découvrir le passé
On ne connaît pas en détail les histoires des dessinateurs, ni de leurs dessins. Cependant, ce sont eux qui ont fait du Palais de la Paix à la fois un bâtiment unique qui reflète l’esprit du temps, et une icône visible de la paix et de la justice.

La carrière fascinante d’Herman Rosse nous rend particulièrement curieux. Jusqu’à récemment, les esquisses préliminaires de ses créations manquaient et nous ne connaissions de lui que les décorations dont il avait doté le palais. Ambitieux et rapide, il n’avait laissé aucune trace écrite de créations permettant de suivre sa carrière, ce qui complique le récit de son histoire. La remise récente par son petit-fils Mark d’un croquis du tableau mural en faïence qui se trouve dans les couloirs à l’arrière du palais, changea la perspective historique. Grâce à aux entretiens avec les descendants d’Herman, nous avons pu petit à petit reconstituer sa vie extraordinaire, si étroitement liée au Palais de la Paix.

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